dimanche 8 août 2010

Être parents de prématurés : que d’émotions !

par Jules Michel Pialle :

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Actualité sur la prématurité 7 décembre, 2009
À moins d’avoir connu la situation, on sait peu de choses sur le quotidien d’un bébé prématuré hospitalisé… mais on imagine encore moins ce que vivent les parents de prématurés ! Les parents eux-mêmes, focalisés sur leur bébé, ne réalisent pas toujours ce qu’ils traversent… Et pourtant, devenir parents de prématurés, c’est une aventure chargée en émotions. Éclairage sur cet aspect de la question.


Dans la tête des parents de prématurés

« L’événement le plus stressant de leur vie » ! C’est ainsi que de nombreux parents de prématurés ont décrit la naissance de leur bébé à Sylvie Louis, auteur du « Grand livre du bébé prématuré ».

Alors, bien sûr, chacun vit cette situation différemment selon son caractère – verre à moitié vide ou à moitié plein, on connaît la chanson… et aussi selon le moment de la naissance, ces quelques semaines qui font toute la différence entre un grand prématuré et un prématuré « tout court ».



Tous les parents sont différents, et pourtant… Catherine Druon, psychanalyste pendant 16 ans dans un service de médecine néonatale, s’accorde avec Sylvie Louis quant aux émotions ressenties par une grande majorité des parents de prématurés :


Le choc, d’abord, atténué dans le cas d’une grossesse à risque, où les parents sont mieux préparés. Après la naissance, le père se sent en « première ligne » : il affronte seul l’événement, la découverte de l’unité de réanimation en tenue de « spationaute », la rencontre avec son drôle de bébé, petit « extraterrestre » entouré de machines ultra-sophistiquées, et il doit décrypter tout seul le discours de l’équipe médicale. Bref, explique Catherine Druon1, il ressent « une impression d’irréalité, un flou, une angoisse, qu’il doit contrôler pour faire face à une nouvelle épreuve : la détresse de la mère ».

De son côté, la mère se sent souvent coupable, ressassant les détails de sa fin de grossesse, et les « imprudences » qu’elle interprète, souvent à tort, comme les causes de cette naissance prématurée.

Passé le choc initial, les parents de prématurés sont fréquemment assaillis par « la peur ou plutôt les mille et une peurs »2, de l’angoisse concernant la santé de bébé jusqu’à la crainte de le toucher, en passant par l’inquiétude de ne pas être capable de s’attacher à ce petit être en sursis…

On observe aussi d’autres émotions comme la colère, quelquefois même dirigée contre l’équipe médicale, le sentiment d’injustice ou d’échec, la tristesse allant parfois jusqu’à la dépression…



Bref, dans la tête des parents de prématurés, ça s’agite et ça cogite ! Loin de nous l’idée de décourager ceux qui vivent ou risquent de vivre cette situation… Au contraire : savoir que leur ressenti est normal, voilà qui devrait rassurer les parents d’enfants nés en avance. Et comme lors de tout traumatisme, exprimer ses émotions permet de les évacuer, d’éviter de les ressasser indéfiniment : une bonne raison de rencontrer le pédopsychiatre ou le psychologue du service de néonatologie…





Difficile d’être compris…

Les parents de prématurés ne sont pas les seuls à être tout « chamboulés » pas cette naissance : bien souvent, la nouvelle est aussi un choc pour les proches, les amis, les collègues, etc. La plupart des gens, ne sachant comment réagir, préfèrent s’abstenir. Les Mamans de prématurés témoignent avec tristesse qu’elles reçoivent peu de visites, peu de cartes de félicitations, et surtout – peut-être pour conjurer le sort – peu de cadeaux de naissance…



Avec les grands parents, il est parfois difficile d’être sur la même longueur d’onde, alors qu’« avant la naissance, les deux générations partageaient, la plupart du temps, de l’amour et une attente heureuse pour ce bébé2 ». Que les grands-parents fassent preuve d’un pessimisme déprimant ou d’un optimisme forcené, le résultat est le même pour les parents du bébé prématuré : ils se sentent rarement compris.

Heureusement certains services de néonatologie autorisent les grands-parents – eux aussi – à rendre visite aux prématurés. Cela leur permet alors de faire connaissance avec leur tout « petit »-enfant… et ainsi de mieux comprendre leurs propres enfants.



Quelquefois, l’incompréhension s’installe au sein même du couple parental : chacun réagit au stress à sa manière et à son rythme, ce qui peut entraîner des non-dits ou des décalages. Beaucoup de couples parviennent à s’épauler mais parfois – souligne Sylvie Louis2 – « il est difficile de soutenir l’autre alors qu’on se retrouve plongé soi-même dans une situation à haute teneur émotive. » Là encore, se faire aider par un psychologue permet souvent de débloquer la situation…



S’il y a bien des gens qui comprennent les parents de prématurés, ce sont les membres de l’équipe médicale, et en premier lieu, les infirmières. Cette entente est très importante pour le bien-être du bébé… et de ses parents. Même si elles sont très occupées, les infirmières prennent le temps d’informer les parents de l’état de leur bébé, et aussi de les écouter… Une écoute réconfortante pour les parents car, on l’a vu, elle n’est pas toujours possible avec les proches. A l’inverse, les infirmières aussi ont besoin d’être reconnues dans leur travail : une petite carte, une photo du bébé devenu grand, ou une visite quelques mois plus tard… Voilà une attention souvent appréciée par le corps médical !





Réagir et agir…

Certains parents de prématurés ont du mal à trouver leur place auprès de leur enfant, notamment vis à vis des infirmières, qui ont « la chance » d’être proches de leur bébé au quotidien. Dans une lettre ouverte aux parents2, Lucie Fortier, infirmière en néonatalogie, précise le rôle de chacun : « Vous réalisez des choses agréables pour votre bébé, vous le caressez, vous lui parlez, vous le bercez, bref vous lui consacrez du temps et vous l’aimez. Nous, les infirmières, nous nous chargeons des autres soins moins agréables pour lui ».



Consacrer du temps à son bébé et l’aimer… c’est le rôle de tous les parents, mais dans le cas d’une naissance prématurée, c’est parfois un peu plus difficile.

On sait que l’amour maternel ou paternel n’est pas toujours un « coup de foudre » ! Cela peut prendre du temps de s’attacher à son bébé, et quand il est prématuré, c’est plus compliqué : on ne peut pas toujours prendre bébé dans ses bras, on se focalise sur son état de santé, on n’est pas dans la fusion parents-enfants mais dans une relation à trois avec l’équipe médicale… et on redoute parfois de s’attacher, au cas où… Malgré les obstacles, explique la psychiatre Catherine Druon, il est très important de favoriser l’attachement des parents à leurs bébés prématurés, gage de leur relation future.



Quant au temps passé avec bébé, certains jeunes parents sont un peu désemparés et ne savent pas quoi faire face à l’ « incubateur ». Personnaliser cet univers médical par des petits objets personnels, une jolie carte, un couvre-incubateur décoré, une boîte à musique enveloppée dans un linge pour atténuer le son… c’est un premier pas pour apporter un peu de tendresse à son bébé !

On peut aussi conseiller aux parents de prématurés de prendre part aux soins de leur enfant : changer sa couche, humecter ses lèvres sèches avec de la vaseline, lui faire faire son rot, le changer de position… autant de petits gestes qui font naître le sentiment d’être parent.

D’autres activités plus spécifiques permettent de tisser ce lien déterminant entre le bébé prématuré et ses parents. On connaît les bienfaits du contact peau à peau avec la méthode kangourou. On peut aussi pratiquer le massage, très bénéfique au bébé. Le contact doit être ferme et enveloppant, sur un rythme lent, plein d’amour. L’idéal : demander conseil aux infirmières ou à l’ergothérapeute du service sur les gestes qu’apprécie bébé.



Ainsi, petit à petit, bébé et ses parents vont s’apprivoiser mutuellement, et se préparer au grand jour, quand bébé rentre chez lui… mais c’est une autre histoire !

1 commentaire:

  1. merci pour ca joli oetit article qui résume bien l es atas des parents de préma! ma fille est née à 31 sa... elle a 3 ans maintenant..et va super super bien....mais ça a été dur de trouver notre place (5 semaines de neonat)..merci aux équipes soignantes..
    suis d ailleurs contente qu il y a it des filles formées pr l allaitement (j ai allaité ma fille pdt 1 an)...car c est dur d allaiter un bb tres gd préma...

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